mardi 12 septembre 2017

Qui va payer le surcoût d'Irma ?

Même si c'est une opération intérieure conduite sous l'autorité préfectorale, l'opération Irma, côté
militaire, va avoir son coût (1). Or, on le sait, en 2017, le surcoût opérationnel (opex ou opint) est à la charge, à 100% de la défense, contrairement aux années précédentes, où ce coût était partagé en interministériel.
C'est déjà difficilement justifiable pour les opérations extérieures, et encore moins au plan intérieur, puisque les armées concourent alors à la sécurité intérieure, qui, comme chacun sait, fait l'objet d'un ministère entier.
Il semblerait donc logique que les armées puissent recevoir un remboursement de la place Beauvau, pour Sentinelle, mais donc, aussi, pour Irma. Faudrait-il encore que le coût soit parfaitement connu. Or, sur Irma, certains moyens sont prépositionnés : pour les forces armées aux Antilles, les régionaux de l'étape, on peut penser que l'activité est financée sur l'enveloppe organique. Sauf que par exemple, les sur-consommations de potentiel hélicoptères vont amener à des relèves plus tôt que prévu (qui viendront dans des avions qu'il faudra payer), mais aussi des compléments de personnels (qui ne feront peut-être pas l'entraînement ou les opérations prévues à l'origine). Les frégates ont aussi leur potard de jour de mer. Si on sur-consomme, on devra s'arrêter à un moment ou un autre, si ce n'est pas la mécanique qui décide de le faire à votre place (cf un incendie sur le Nivôse il y a quelques années)
Voila pour les régionaux, mais pour les renforts venant de France, il y a là aussi un coût. Rien que l'aller retour du BPC consomme 24 jours de mer, plus, évidemment, ce qu'il va consommer sur place, et sans doute un certain temps. L'heure de vol de Puma -déjà trois sur place, cinq à terme- se situe quelque part entre 8 et 10.000 Euros... Sans compter les primes des militaires projetés de métropole qui ne sont plus au quartier, mais en opérations. Idem pour les avions affrétés, rarement sensibles à l'aspect émotionnel.
Bref, l'addition sera salée. Qui veut régler ? Le programme 146 du budget de la défense, déjà concerné par une ponction lombaire de 850 MEUR, sans compter quelque 700 MEUR encore gelés dont la perspective de décongelation n'est toujours pas perceptible.

(1) m'attendant à une volée de bois vert d'automne pour avoir soulevé un débat aussi abject, voire créé une polémique, je devance : personne ne remet en cause la mobilisation de moyens militaires, mais il faut les payer. Ce post pose la question de savoir qui va payer cette facture, par ailleurs bien moindre que celle de la reconstruction des deux îles.

Mes infops et photos sur le twitter @defense137.