mercredi 13 septembre 2017

Plus d'affrétés que de possédés

Déjà sensible dès ce weekend, la tendance se confirme : la France n'a pas assez d'avions de transport
en interne et doit faire appel au privé et à nos alliés. Dis plus clairement encore, la passerelle aérienne des derniers jours est donc surtout le fait de moyens qui ne nous appartiennent pas : par chance, les compagnies aériennes ont joué le jeu (elles ne l'auraient pas fait sur une crise nucléaire, cf Fukushima) et nos alliés aussi.
Sur le papier, la France possède pourtant 11 Atlas, 14 C-130, une vingtaine de C-160 et 26 Casa, soit environ 70 appareils tactiques, auxquels s'ajoutent cinq Airbus (A310, A340) pour les relèves.
Or, jusqu'à maintenant, la France a mobilisé un A340 (vendredi), un A310 (dimanche), ainsi qu'un Casa de Guyane (dès lundi 4) et un autre venu de France. Auquel s'ajoute un Atlas parti ce samedi matin, et qui reste sur place.
En contrepartie, il a fallu affréter deux An-124 et un Il-76 pour transporter des groupes électrogènes et du fret humanitaire. En local, la préfecture a réquisitionné deux ATR et deux Twin Otter (et des hélicoptères privés ont aussi été mobilisés). Airbus a offert un A350 WB pour transporter du fret et des équipes médicales, parti cet après-midi. Au retour, il ramènera des touristes des Antilles. Rappelons, au passage, que l'Etat a aussi accepté que des compagnies aériennes (Corsair, Air Antilles) transporte des rations en début de crise (1).
Enfin c'est le cas depuis 24h, la France a aussi demandé à ses alliés des rotations de C-17 : deux viennent d'être réalisées en 24h. D'autres devraient suivre.
Pas besoin d'avoir fait de grandes études pour le constater : les moyens manquent, alors que la situation des Antilles n'a rien d'exceptionnel (le risque des ouragans va de surcroît croître dans les années à venir), au vu du volume de populations concernées, malgré l'ampleur bien réelle des dégâts.
Pourtant, les moyens manquent, et depuis des années. Là aussi, il vous suffira de taper "aéromobilité" et "rapport" dans le cadre d'un moteur de recherche, et vous découvrirez des rapports parlementaires, mais aussi des articles de blogs, de presse spécialisée. Je le recommande vivement à ceux qui découvriraient les affaires de défense : c'est très parlant et tout ce qui est écrit s'est réalisé depuis.
Bref, la situation actuelle n'a rien de neuf. La France loue des Antonv depuis un quart de siècle (ah si on les avait achetés, ils seraient rentabilisés..., ou si une ESSD française l'avait fait, elle serait riche). Seulement, la situation ne va pas s'améliorer. Les livraison d'Atlas s'interrompent pour plusieurs années, et les retraits de Transall continuent. Les C-130 seront out du fait du programme de rétrofit et de leur réorientation vers les forces spéciales. Comment dire, donc : la réduction temporaire de capacités va encore augmenter.
Bref, côté pont aérien, il vaudra mieux, très vite, en parler entre européens, ou mettre des euros sur la table (entre autres urgences).

Mes infops et photos sur le twitter @defense137.

(1) on peut donc s'interroger : que restera-t-il en cas d'évacuation de ressortissants en Afrique par exemple ?