vendredi 3 mars 2017

Sensible : l'aéromobilité française au bord du gouffre

Ce blog l'a déjà souligné plusieurs fois, mais les stats obtenues par François Cornut-Gentille
dressent un panorama particulièrement inquiétant de l'aviation de transport tactique française. Il faut rappeler à quoi elle sert : récupérer des ressortissants dans des pays compliqués, projeter de la logistique pour les trois armées (une mission sur laquelle l'Atlas de la 61e escadre est bien monté en puissance), et l'entrée en premier. Certains de ces avions sont en forces prépositionnées, d'autres en opex, d'autres dans les domtom. La majorité est utilisée par les opérations conventionnelles, et une fraction, par les forces spéciales (ETOS 3/61 Poitou) et la DGSE (GAM-56 Vaucluse)

Or, les tableaux de disponibilité confirment l'état désastreux du parc.
Réalisé par Sabena Technics, l'entretien des Casa 235 a baissé en 2016, et n'atteint que 50,8%. Les Casa sont utilisés outremer, mais aussi au Sahel, dont deux comme Nurse.
La disponibilité du C-160 a à nouveau reculé, alors que pourtant le nombre d'avions s'est réduit. La réduction de la flotte oblige l'armée de l'air à mettre en sommeil un escadron, le 1/64 Béarn. Le temps qu'il perçoive des Atlas, pas forcément demain si l'on ausculte bien les prévisions. Le MCO du C-160 est réalisé par le SIAé.
La flotte C-130 a continué sa descente aux enfers, à 22,5%. Son MCO est assuré par le Portugais OGMA, et doit passer au SIAé.
Certes, on peut objecter que l'Atlas monte en puissance, etc, etc, mais au final, les chantiers de mise aux normes tactiques, d'éventuels nouveaux soucis à ne pas écarter, l'incertitude sur le MCO (et son coût) laissent bien trop de questions sans réponses pour qu'on puisse fonder un catalogue capacitaire sur ce seul avion.
Pour ceux qui ne sont pas des spécialistes du volant, on peut le rappeler, cet outil est donc à bout de souffle, et leurs personnels l'exploitent dans des conditions qui défient parfois l'imagination.
Une réaction budgétaire devient donc urgente. Car il faut rappeler : si l'avion ne décolle pas, la mission n'est pas remplie. Et s'il se viande en route ou à l'atterrissage, non seulement elle n'est pas remplie, mais en outre, le bilan humain risquerait d'être forcément grave. Plusieurs signaux, pas forcément encourageants, ont résonné, depuis 2013, en Afrique, mais pas seulement, en matière de sécurité des vols.
Au final, les candidats à la présidentielle doivent le savoir (on n'a sans doute pas osé leur dire) : on n'a jamais manqué de véhicules terrestres, on manque régulièrement de bateaux. Pour ce qui concerne les avions et les hélicoptères (sans distinction d'armée), le système est en train d'imploser, sous le double coup de butoir de la multiplication des opérations, depuis 40 ans. Et de l'incapacité d'une partie des industriels à fournir en temps et en heure les matériels demandés (et payés).

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