mardi 10 décembre 2013

L'accrochage nocturne (version EMA)

L'EMA a livré en début d'après-midi sa version de "l'accrochage" qui serait intervenu hier à 23h30, à
1200
mètres à l'est de l'aéroport. La section de la première compagnie du 8e RPIMa a fait d'abord une patrouille motorisée, puis a débarqué. C'est à ce moment-là qu'elle bute sur un dispositif non identifié, posé en interdiction sur un axe. L'échange de tirs est "extrêment bref", et "extrêmement nourri". Deux soldats sont grièvement blessés. Il faudra trente minutes avant qu'ils ne puissent être accueillis à l'antenne chirurgicale avancée située à l'intérieur de l'aéroport, c'est la limite extrême pour des blessés graves, qui n'ont pu être médicalisés jusque là que par les auxsan de la section, peut-être un infirmier (mais pas de médecin présent, sur une patrouille). Aucun cadavre d'adversaire n'a été trouvé sur place, indique aussi l'EMA, contredisant les premières informations du député Folliot, qui évoquait la neutralisation des auteurs.
L'EMA assure qu'ils n'étaient qu'une "équipe", soit 5 à 6 hommes, équipés de kalashnikov. Les soldats portent à Bangui les vieilles frags que les paras du 8e RPIMa portaient déjà à Uzbeen, le 18 août 2008 (ce qu'on avait déjà partiellement constaté, au Mali). Elles sont plus légères, mais aussi moins couvrantes et protectrices que celles achetées avec l'adaptation réactive... après Uzbeen.
L'EMA assure aussi que les patrouilles se sont renforcées depuis le 6 décembre. Mais les journalistes présents à Bangui décrivent, eux, une ville vide de soldats français, vraisemblablement accaparés à sécuriser l'aéroport, où François Hollande est annoncé vers 19 heures, et une partie de son trajet dans la ville, s'il devait s'y risquer. L'EMA estime que la ville est sécurisée, ce qui n'empêche pas la possiblité de fusillades : on l'a vu avec celle qui a tué les deux soldats français, cette nuit. Ni les pillages.
L'EMA indique enfin que l'aéroport et ses alentours directs sont "sécurisés". Une appréciation totalement démentie par les témoignages des envoyés spéciaux, et qui indiquent des pillages en cours, autour de l'aéroport, au contact duquel sont massés des Banguissois qui souhaient bénéficier de la protection de l'armée française. Air France, comme la compagnie marocaine RAM, ont d'ailleurs annulé leurs vols vers Bangui. "Nous continuons nos vols" assure l'état-major : c'est possible, parce que l'armée de l'air dispose de ses propres avions, ceux de l'Estérel, pour desservir la capitale. Surtout s'il fallait en extraire les ressortissants, et le dispositif français.
Bangui héberge un million des 4,5 millions de centrafricains. Les pillages et violences communautaires d'aujourd'hui démontrent que la situation peut y dégénérer totalement en quelques heures seulement. La France y étant la seule puissance militaire, le risque est évident que très vite, elle soit rendue responsable de toute dégradation de la situation.