mardi 30 avril 2013

Le livre blanc lave plus blanc que blanc

Vieille technique de publicitaire, le livre blanc camoufle plus ou moins adroitement les réductions
d'équipement pour mettre en avant les quelques gains réels. A y regarder de plus près, et donc si on exclut le renseignement et les forces spéciales, ainsi que la sous-marinade, toutes les capacités prennent un gros coup de rabot.
Le plus évident, c'est la chasse. Avec 225 appareils seulement (dont les 54 Marine), le format de la chasse -et le team industriel Rafale- prend le plus gros de l'effort. L'armée de l'air n'a plus que 170 chasseurs (même pas huit escadrons...) soit la moitié de la situation prévue avant 2008 (quand les chasseurs marine avaient été intégrés à l'objectif de 300 avions de combat).
Il faudra très vite pouvoir expliquer comment on pourra tenir à la fois les accords de défense aux EAU et à Djibouti (13 chasseurs mobilisés), la permanence opérationnelle, l'alerte nucléaire, les opex (Harmattan avait consommé une quarantaine de chasseurs, en pointe) avec une flotte aussi réduite. Car il faut aussi intégrer dans ce chiffre les opérations de maintenance et les rétrofits. Et les exercices dont on nous dit que leur qualité sera maintenue.
Côté gros avions, c'est aussi la diète. Deux MRTT en moins sur 14, et sans doute quelques A400M, à moins que l'armée de l'air ait aussi prévu de se débarrasser de ses Hercules (indispensables aux opérations spéciales et clandestines, et au transport tactique) et de ses Casa, bientôt plus nombreux que les Transall. Mais peut-être fera-t-on de ces cargos excédentaires des avions de surveillance et d'observation.
Dans l'armée de terre, on va aussi produire des VBMR en moins. Certes, le LBDSN ne le dit pas comme cela, mais parle d'une flotte de 2700 VBMR et VBCI. On produira 630 VBCI, donc sans avoir de grosses capacités en maths, j'en comprends qu'on ne produira pas les 2300 VBMR prévus. C'est à peu près pareil dans l'aérocombat où les capacités sont encore réduites, puisqu'on ne parle plus que de 115 hélicoptères de manoeuvre : on devait pourtant commander 133 Caïman qui s'ajoutaient à 26 Cougar rénovés... Pour le Tigre, la formulation du LBDSN ne permet pas de lever le doute.
Mais la commande d'un deuxième lot de missiles Hellfire ne semble pas tenir la grande forme, c'est peut-être un signe. Autre programme d'objet volant, le LRU va voir sa cible réduite malgré une navigation  tous temps et une portée de 70 km. Proportionnellement, le Leclerc s'en sort bien, avec 200 chars. Mais le LBDSN ne dit pas à combien d'heures de fonctionnement ils auront droit chaque année.
Dans la marine, la sous-marinade est donc totalement préservée. Mais la flotte de surface prend un coup de vent budgétaire. Dans la tempête, elle perd un BPC (ses bateaux pourtant les plus polyvalents et interarmisés), au moins deux frégates et sans doute quelques bateaux de cohérence.
Les militaires pourront, au regard de ces pertes, méditer l'enrobage qu'on leur a livré : un meilleur entraînement (aucun chiffre n'est donné sur les volumes annuels, difficile donc de s'en convaincre), des meilleurs matériels (prévus de toute façon sauf à devenir un état pacifiste). Des lendemains qui chantent aussi ?