mercredi 1 août 2012

Bosse + rigueur = 6 MdEUR "reportés"

Déjà en 2010, Hervé Morin s'inquiétait de la bosse des programmes. Trois ministres de la défense plus tard, le volume indiqué sur la lettre de plafond du budget de la défense 2013 le confirme : il va falloir faire des choix. Selon les premières estimations du cabinet défense, 6 milliards d'euros devront ainsi être "reportés".
Le ministre, son cabinet, l'EMA et la DGA ont commencé dès hier soir à mettre les mains dans le cambouis, et se sont attelé à ce criblage des programmes. A ce stade, aucun programme n'est exclu, et toutes les armées contribueront. C'est donc une revue de programmes qui cache son nom : en arrivant aux commandes, en 1997, Alain Richard avait ainsi fait le ménage, en abandonnant même certains d'entre eux, pas forcément prioritaires (Brével, Trigat-LP, Apache-IZ, etc).
Seule la dissuasion nucléaire sera épargnée, ainsi que le budget du MCO qui doit augmenter légèrement.
Les provisions pour opex seront ramenées à 650 MEUR. Ce chiffre peut sembler encore très important, si l'on intègre la forte réduction des engagements en opex, quasiment réduits de moitié en un an.
Mais il faut aussi tenir compte de la facture, salée quel que soit le mode d'acheminement retenu, du matériel français d'Afghanistan.
Le budget devrait s'établir à 30,2 MdEUR, hors pensions, et devrait bénéficier de 1,2 MdEUR de recettes exceptionnelles (immobilier, fréquences). La déflation de postes prévue dans le cadre de la LPM (-7200) sera maintenue même si le CEMAA et le CEMA ont publiquement reconnu, dans leurs auditions à l'assemblée, qu'il devient difficile de trouver ces postes à supprimer.
Notons que comme il l'avait aussi promis dans sa campagne électorale, trois ministères (Intérieur, Justice, Education nationale) sont privilégiés par le président de la République. La Défense verse à ce trio 200 MEUR au titre des contributions.
On le voit, dans une situation économique particulièrement fragile, le budget 2013 constituera sans doute un budget de transition, entre "l'avant" et "l'après". L'impossibilité d'équiper correctement tout le monde amenant à une conclusion imparable : l'industrie va devoir réfléchir à la formation de prix, et les armées, s'atteler à une nouvelle fonte de format.