samedi 13 mars 2010

La réalité médicale de l'Afghanistan

Aline Leboeuf livre dans le dernier Focus stratégique un tableau relativement exhaustif du travail abattu par le service de santé des armées (SSA) français en Afghanistan. Une dimension pas toujours bien connue, ou mise en avant, malgré le travail effectué dans ce blog ou lors d'un récent triptique dans le magazine Raids.
Certes, rappelle-t-elle le ratio de forces du SSA par rapport au total de nos forces en Afghanistan (7,65%) est plus faible que pendant la guerre du Golfe (10%). Mais la discipline a aussi évolué, et les menaces principales qu'elle doit contrer, aussi.
Un médecin du SSA rappelle ainsi qu'en Bosnie, 44 militaires avaient été blessés par balles en quatre mois de l'année 1992, et que pas un seul était mort, durant cette période. "En Afghanistan ce n'est pas le cas. Les chances de survie sont plus faibles.Les IED arrachent tout".
L'auteur délivre la réalité du Helmand, à la mi-août 2009 : 623 patients, dont la moitié de soldats britanniques, ont été pris en compte à l'hôpital de Camp Bastion... en l'espace de trois semaines.
Aline Leboeuf livre aussi une suite relativement exhaustive des retex générés par l'embuscade d'Uzbeen : de la nécessité de disposer d'un hélicoptère réservé pour la Medevac et de renforcer la protection et l'anonymat des Vabsan, à celle, plus surprenante, d'avoir des gants chirurgicaux et des modules de soins de couleurs sombre. Enfin, le besoin, pour les personnels médicaux, d'être aussi bien préparés sur le plan tactique que les fantassins. Pour avoir pu observer un stage de mise en conditions axé sur les techniques de réanimation en milieu montagneux, MEDIC'HOS, armé par le CITERA de Lyon, je peux témoigner que cet aspect est particulièrement pris en compte.
Les vocations s'effondrent
Une des données qui a tout changé est la responsabilisation croissante de tous les militaires, grâce à la diffusion de techniques basiques de secourisme de combat. Le chef ops de la TF Korrigan rappelle ainsi que l'un des blessés graves du 3e RIMa était responsable sanitaire de sa section : "ce sont ses camarades qui lui ont apporté les premiers soins, sauvant sa vie".
Enfin, l'étude de l'IFRI renforce un constat plus saisissant, organique celui-là, sur la baisse des vocations à l'entrée. Un "effondrement" constate Aline Leboeuf : en effet, en 2007, ils étaient 2.400 candidats contre seulement 1.400 en 2008, pour 100 postes. Avec cette hypothèse terrible : "le métier de médecin militaire n'attire plus".
Doublé d'un deuxième, livré par un chirurgien du Val-de-Grâce. "Sur une quarantaine de chirurgiens généralistes en exercice au sein du SSA, seule une vingtaine part" (en Afghanistan). Un mélange d'incitations financières et de sanctions devraient permettre de motiver davantage ceux qui à l'heure actuelle refusent de partir".

Focus Stratégique n°19 : Soutien santé, le défi afghan par Aline Leboeuf.
www.ifri.org.