samedi 13 juin 2009

EXCLUSIF : beaucoup (trop) de disparitions à l'Ile-Longue

Il faut y avoir été une fois pour mesurer qu'on n'entre pas dans l'Ile Longue si on y a pas été invité. Des contrôles aléatoires sont même effectués par les gendarmes maritimes sur les sortants. Et pourtant, ce haut lieu de la sûreté de notre défense voit des disparitions à répétition. Rien à voir avec les cinq valises de radium égarées cette semaine dans une poubelle, de l'autre côté de la rade : de la roupie de sansonnet.
Car les disparitions récurrentes ont trait au programme M-51. Rien de moins que le futur fer de lance de notre dissuasion nucléaire. Documents, composants, les deux ? Impossible de savoir, la marine ne communique pas sur ce secteur de son activité, sauf quand elle égare... cinq mallettes de radium, un maquette de... M-51, ou que la télévision britannique écorne une de nos SNLE.
En tout état de cause, tous les documents relatifs à la dissuasion étant classifiés au plus haut niveau, on peut imaginer sans peine que leur recherche mobilise un peu de monde à la gendarmerie maritime, à la direction de la protection du secret défense (DPSD), voire éventuellement, à la DCRI, traditionnellement chargée, comme la DST avant elle, de traiter des dossiers de compromissions, mais aussi de protection du patrimoine économique. Puisque la DPSD n'a pas, rappelons-le, de compétence en matière de police judiciaire.
Les sanctions en cas de perte de documents classifiés, ou de négligence dans leur stockage peuvent amener de gros ennuis : de fortes amendes, mais aussi des peines de prison. Pour le rappeler à ses fonctionnaires, un délégué général pour l'armement (DGA) avait fait un exemple il y a quelques années sur un de ses ingénieurs.
La réactivité de certains opposants au M-51 à mettre en déroute, ou en tout cas à tenter d'empêcher, les essais du missile, au CELM de Biscarosse (Landes) avait aussi attiré la suspicion des services, mais personne n'avait pu être incriminé.
Plus récemment encore, pendant l'affaire Surcouf, un fonctionnaire ministériel avait connu quelques déboires, après que le contenu d'un télégramme diplomatique ait abouti dans un article de presse. Aucun lien entre les deux, puisque si (supposition irréelle) les membres de Surcouf ont été identifiés, pas un n'a été poursuivi.